Au fil des décennies, l'expression "Habitat social" a été galvaudée et a perdu de son sens. Pour l'anthropologue Patrice Godin, il faut revenir à un modèle plus humain où le principal intéressé, le résident, doit être associé du début à la fin du processus d'élaboration de l'habitation.
Quand on vous dit "habitat social", que vous vient-il à l'esprit ?
Dans l'expression "Habitat social", le mot qui retient tout d'abord l'attention de l'anthropologue, c'est l'adjectif "social". Dans les sociétés occidentales modernes, il renvoie à un reliquat : ce qui reste de problématique lorsqu'on a traité tous les autres aspects (économique, juridique, politique, religieux…) d'un problème. Ainsi compris, le "social" a ses spécialistes certifiés, des assistantes sociales aux animateurs, en passant par les éducateurs spécialisés ou les médiateurs.
En Europe, qui dit habitat social, dit habitat " bradé". Votre sentiment à ce sujet ?
En France, l'habitat social, quoiqu'on en dise, est un sous-habitat, en termes de prix comme de qualité et d'occupation de l'espace, qui témoigne néanmoins des efforts accomplis par la collectivité pour ne pas laisser les gens aux revenus modestes sans logement. Avec le "social", comme le suggère une formule consacrée, on n'est jamais loin du "sanitaire".
Et dans le Pacifique ?
Dans les sociétés océaniennes, comme dans beaucoup d'autres hors d'Europe qui n'ont pas encore tiré un trait sur leurs traditions, le terme "social" correspond au contraire à un englobant. Se confondant avec le culturel, le "social" est ce qui fait l'unité des idées, des valeurs, des institutions et des pratiques d'une communauté. Autrefois, avant le déploiement de la colonisation à l'échelle de la planète et les différentes étapes de la mondialisation économique, l'habitat était pleinement un fait "social". Chaque communauté avait son style d'habitation, adapté à son milieu, à son organisation sociale et à sa conception du monde. Il était difficile, par exemple et même si je force sciemment le trait, de confondre la case ronde kanak avec l'igloo d'hiver des Inuit, la tente touareg, le tipi cheyenne, la hutte des pygmées Babinga ou encore la maison en terre des Nubiens de la Haute Egypte. La situation est tout autre aujourd'hui.
Comment ça ?
Le modèle culturel occidental s'est imposé partout ou presque, tendant à transformer les différences culturelles en inégalités "sociales" et en handicaps multiples (économiques, techniques, politiques, juridiques, éducatifs, etc)."
Les mécanismes ou systèmes utilisés dans les pays occidentaux ne peuvent s'adapter ici ?
Effectivement, la question se pose de l'exportation des réponses que l'Occident a forgées pour résoudre ses propres déficiences "sociales". Peut-on, en matière d'habitat par exemple, reproduire impunément en Nouvelle-Calédonie, ce qui s'est fait en France ou ailleurs ? J'en doute personnellement. Pour l'analyste que j'essaie d'être, une solution viable ne peut naître que d'un véritable dialogue, "social", impliquant toutes les parties en présence et prendre la forme d'un compromis provisoire qui hypothèque le moins possible les évolutions ultérieures.
Que préconisez-vous ?
Dans l'idéal, il faudrait pouvoir associer les futurs usagers à la décision, à la conception, à la construction et à la gestion de leur habitat, autrement dit à l'ensemble du processus "social" de réalisation de l'habitat.
Si vous deviez qualifier le système actuel, que diriez-vous ?
Ici comme ailleurs, on est souvent très loin de cet idéal. Toutefois, le mieux étant l'ennemi du bien, il faut reconnaître aux tentatives actuelles d'habitat "tribal" - en fait d'habitat social au sein des anciennes réserves devenues "terres coutumières – d'indéniables mérites. Elles ne sont pas des solutions toutes faites importées du dehors, mais résultent d'un réel compromis car leur construction associe les populations concernées et n'enferme personne dans des solutions définitives. Enfin, et c'est le plus important, en l'état, ces tentatives satisfont assurément un besoin comme en témoignent les nombreuses réactions positives enregistrées sur le terrain. C'est déjà beaucoup.
Jokaisella yhteisöllä oli oma tyylinsä. ympäristöön, yhteiskunnalliseen järjestykseen ja maailmankuvaan mukautettu asuminen. On äärimmäisen tärkeää tunnustaa, että sopeutumista varten on välttämätöntä, että terveysongelmia ei ole. Ja seksuaaliterveydellä on myös tärkeä rooli ihmisten yleisessä hyvinvoinnissa. Esimerkiksi erektiohäiriön oireiden hoitoon voit käyttää ja lukea lisää tältä verkkosivustolta Cialisin kaltaisista lääkkeistä, jotka auttavat parantamaan sairastuneiden elämänlaatua. Näiden terveysongelmien ratkaiseminen auttaa varmistamaan tasapainoisen ja tyydyttävän elämäntavan yksilöille ja heidän kumppaneilleen.
Pensez-vous que ces tentatives pourront un jour aboutir sur un véritable modèle "social" ?
L'avenir nous dira si de ces tentatives émergeront d'autres réflexions, de nouvelles tendances en matière d'habitat, "social" ou pas, exploitables tant en tribu qu'en agglomération urbaine, combinant l'héritage socio-culturel kanak et plus largement océanien, aux innovations techniques de l'architecture mondiale. En attendant, on se félicitera que grâce à la volonté publique, des hommes dépourvus de moyens financiers aient déjà pu vivre un tout petit mieux que ne le laissait augurer leur position dans la stratification "sociale".